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« Quelle est la place d’une collectivité dans la promotion de la Santé environnementale ? Le projet de l’Incinérateur est-il compatible avec un projet de Santé Environnementale ? »

Présentation et conception du Docteur Sylvia MALES

1- Contexte : « UVE » = pollution environnementale L’UVE est une usine d’incinération de déchets. Le projet actuel est la construction d’un gros incinérateur (120 000t /an voire 160 000 t/an ??) à Angoulême, sur le site de l’ancienne poudrerie au pont de Basseau. Un incinérateur est avant tout une USINE POLLUANTE. Lors du processus d’incinération, il y a production de milliers de composés chimiques, qui sont émis dans le panache de fumées. Ces fumées sont portées par les vents, et leurs composants chimiques retombent sur les sols, contaminant la terre et les eaux.

Les hommes sont exposés par voie aérienne (inhalation) ou par ingestion d’aliments (végétaux, produits animaux) contaminés. Filtres, normes et réglementation sont faussement rassurants. Quelques molécules uniquement sont filtrées. La majorité des polluants ne sont pas réglementés ni même mesurés.

Cette usine sera « aux normes » actuelles, mais les normes évoluent constamment. Une substance considérée comme non dangereuse aujourd’hui pour la santé pourra l’être demain (comme par exemple l’amiante autrefois). Une exposition considérée comme faible ou non significative aujourd’hui pourra être reconsidérée dans quelques années comme forte voire toxique. Autre problème : certaines substances sont nocives à très petites doses comme les perturbateurs endocriniens. La difficulté en épidémiologie est de prouver le lien de causalité entre une exposition et une maladie surtout quand la maladie est longue à apparaître ou difficile à mettre en évidence. Il faut des décennies et de très nombreuses études (dont les résultats peuvent être au début non significatifs ou contradictoires…). Et ensuite, encore des années pour que des décisions politiques soient prises. L’impact de cette usine et de sa pollution sur la santé humaine ne pourra être mesuré que dans plusieurs dizaines d’années. Parmi les polluants problématiques, on peut citer : – Les particules ultra fines (PUF) : émises dans les fumées, elles participent à la pollution de l’air. Elles pénètrent dans le corps humain via les alvéoles pulmonaires et se diffusent dans tous les organes car elles sont de très petites tailles. Elles sont à l’origine d’une inflammation locale, responsable à long terme de troubles cardio-vasculaires et de cancers. 1 – Les dioxines : elles font partie de la famille des polluants organiques persistants (POP), qui sont produits par l’incinérateur. Emises dans les fumées, elles retombent sur les sols, persistent dans les milieux pendant des années voire des décennies. Elles s’accumulent dans les tissus vivants (adipeux) à travers la chaine alimentaire. Les hommes se contaminent par l’alimentation, surtout si les aliments sont produits dans la zone de retombée du panache de fumée. Les dioxines ont un effet perturbateur endocrinien et sont cancérigènes. –

Les PFAS : problématique émergente, dont les média commencent à parler… Aussi appelés « polluants éternels », ils font partie d’une grande famille qui compte entre 5 et 15 000 molécules chimiques. Produits en grande quantité par l’homme pour ses propriétés antiadhésives et déperlantes, on les retrouve partout, dans de très nombreux objets de la vie quotidienne, qui finissent incinérés (ou enfouis !). Malheureusement ils sont très résistants à la dégradation, quasi indestructibles. Ils persistent donc très longtemps dans l’environnement (d’où leur surnom « polluants éternels ») et sont très mobiles dans l’eau et dans les milieux. Ils s’accumulent dans la chaine alimentaire (animaux + végétaux) et l’homme se contamine par différentes voies, surtout via l’alimentation. Ils agissent dans le corps humain comme perturbateurs endocriniens et certains sont des cancérigènes avérés. Un incinérateur classique (comme celui qui est prévu à Angoulême) atteint 950 degrés et ne détruit pas les PFAS. L’incinérateur ne fera que les disperser dans l’environnement, à travers les fumées…

Les émissions de PFAS par un incinérateur ne sont pas mesurées, ni surveillées, ni réglementées…  (En aucun cas s’opposer à la construction d’un incinérateur signifide faire la promotion de l’enfouissement, qui est aussi catastrophique en terme d’impact environnemental. Il faut s’emparer de la problématique de la gestion des déchets en concertation avec les citoyens). 2. Qu’est ce que la « Santé Environnementale ? » Quels sont ses enjeux ? C’est une notion qui recouvre tous les aspects de la santé humaine déterminés par nos conditions de vie : l’air respiré, le bruit, l’alimentation, la proximité aux espaces verts…C’est en pratique, la santé humaine en lien avec son environnement. Les occidentaux ont maintenant compris que santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes sont intimement liées et interdépendantes, c’est le célèbre concept « One Health ». Il est scientifiquement prouvé qu’un environnement sain participe à la bonne santé des êtres humains ! Selon Santé Publique France, 4 cancers sur 10 pourraient être évités en changeant nos modes de vie et en réduisant les facteurs environnementaux. Selon la littérature internationale et l’OMS, en Europe, 20% des décès pourraient être attribués à des facteurs environnementaux (pollution des eaux, de l’air, des sols, substances chimiques dans les environnements professionnels, etc). Pour préserver la santé humaine, il faut (entre autre) :  Préserver et protéger les milieux et les ressources naturelles : préserver la qualité de l’eau, de l’air, des sols, et de la biodiversité  Réduire les émissions et les expositions aux polluants  Promouvoir un cadre et un mode de vie favorables à la santé 3. Est-ce que construire une usine polluante au cœur de l’agglomération est compatible avec la promotion de la Santé Environnementale ? Sachant que la construction est prévue : 2  au bord du fleuve Charente (zone Natura 2000 ?), fleuve fragile et déjà pollué, sur un ancien site industriel, dépollué et rendu à la nature  en cœur d’agglomération avec une forte densité de population : à l’est le centre-ville (dans les vents dominants), à l’ouest, au nord et au sud, zone semi-urbaine avec plus d’habitations individuelles (avec jardins, potagers) et des zones agricoles (mais, vignes ,…)  et qu’elle générera automatiquement une augmentation du trafic routier et des camions (alors que la tendance est plutôt de promouvoir la diminution du trafic routier pour des mobilités douces) Est-ce donc un projet : – – – – compatible avec le développement du tourisme vert en bord de Charente ? de la flow vélo ? compatible avec la proximité du parc de Frégeneuil (poumon vert des familles urbaines, jardins partagés ? cohérent avec la politique de promotion de la santé périnatale (femmes enceintes) et des bébés, voulu à travers le développement des ordonnances vertes ou « paniers jeunes pousses » ? (l’idée était de faire manger des produits BIO et LOCAUX aux femmes enceintes !…) compatible avec une politique de réduction des déchets ? NON car il faudra toujours alimenter l’usine en déchets  (Il y a une vraie réflexion à avoir sur le devenir du site de l’ancienne poudrerie. L’emplacement est exceptionnel, et les habitants devraient pouvoir s’exprimer sur le sujet. Veulent-ils vraiment qu’il soit reindustrialisé ? La construction d’1 usine pourrait en entrainer plusieurs….).

Au total : Est ce un projet compatible avec ces 3 enjeux de la Santé environnementale :  Protection des milieux naturels et de la biodiversité ? NON  Diminution des émissions et des expositions aux polluants ? NON.  Promotion d’un cadre de vie et d’un mode de vie favorables à la santé ? NON. En Santé Environnementale, il y a aussi la prise en compte de déterminants esthétiques (de l’urbanisme) dans la santé humaine et la qualité de vie : est-ce compatible avec la construction d’une usine dans la ville? NON. Est ce un projet compatible avec une politique d’attractivité de la ville ? ….  (Si on prend l’exemple des médecins hospitaliers d’un hôpital public : leur choix d’installation dans un hôpital n’est pas déterminé par la rémunération (car il existe une grille de salaire identique dans tous les hôpitaux pour les praticiens hospitaliers) mais par les conditions d’exercice offerts par l’hôpital, par des facteurs familiaux, et par la qualité de vie (transports, loisirs, culture, environnement sain, etc) . A conditions égales, quel jeune médecin choisira un hôpital (et son lieu de vie) à proximité d’une usine polluante ?) En conclusion : est-ce qu’une ville/ un maire, qui veut offrir à sa population un environnement sain peut approuver un tel projet ?…Question à poser à tous les candidats aux prochaines élections. 4. Quelle est la place des collectivités dans la promotion de la Santé Environnementale ? 3 Elles ont un rôle essentiel à jouer pour développer un environnement favorable à la santé, car un environnement sain participe à la bonne santé des citoyens. Elles peuvent agir sur le cadre de vie et l’environnement, grâce à leurs diverses compétences : Par exemple :  Action sur la mobilité et les transports : développement des transports en commun, des pistes cyclables  Action sur la préservation de la biodiversité via l’urbanisme: végétalisation des espaces bétonnés, choix d’espèces adaptées au changement climatique…  Action sur l’alimentation : en limitant les perturbateurs endocriniens dans les écoles et crèches : plus de bio, moins de viande`  Action sur les politiques sportives  Rôle dans l’éducation et la sensibilisation à la santé environnementale : par ex éducation des personnels des crèches et écoles aux perturbateurs endocriniens (dans les jouets, produits d’entretien,…)…  Il faut faire un état des lieux des enjeux, des bonnes pratiques et des ressources existantes. Et lister les leviers d’action. C’est un investissement sur le long terme, pour (favoriser et entretenir) la (bonne) santé des gens. C’est aussi une demande et une préoccupation des concitoyens.u total :

En Santé Environnementale, il y a aussi la prise en compte de déterminants esthétiques (de l’urbanisme) dans la santé humaine et la qualité de vie : est-ce compatible avec la construction d’une usine dans la ville? NON. Est ce un projet compatible avec une politique d’attractivité de la ville ? ….  (Si on prend l’exemple des médecins hospitaliers d’un hôpital public : leur choix d’installation dans un hôpital n’est pas déterminé par la rémunération (car il existe une grille de salaire identique dans tous les hôpitaux pour les praticiens hospitaliers) mais par les conditions d’exercice offerts par l’hôpital, par des facteurs familiaux, et par la qualité de vie (transports, loisirs, culture, environnement sain, etc) . A conditions égales, quel jeune médecin choisira un hôpital (et son lieu de vie) à proximité d’une usine polluante ?)

En conclusion : est-ce qu’une ville/ un maire, qui veut offrir à sa population un environnement sain peut approuver un tel projet ?…Question à poser à tous les candidats aux prochaines élections.

4. Quelle est la place des collectivités dans la promotion de la Santé Environnementale ?

Est ce un projet compatible avec ces 3 enjeux de la Santé environnementale : 

Protection des milieux naturels et de la biodiversité ? NON 

Diminution des émissions et des expositions aux polluants ? NON. 

Promotion d’un cadre de vie et d’un mode de vie favorables à la santé ? NON.

Quelle est la place des collectivités dans la promotion de la Santé Environnementale ? 3 Elles ont un rôle essentiel à jouer pour développer un environnement favorable à la santé, car un environnement sain participe à la bonne santé des citoyens. Elles peuvent agir sur le cadre de vie et l’environnement, grâce à leurs diverses compétences : Par exemple :  Action sur la mobilité et les transports : développement des transports en commun, des pistes cyclables  Action sur la préservation de la biodiversité via l’urbanisme: végétalisation des espaces bétonnés, choix d’espèces adaptées au changement climatique…  Action sur l’alimentation : en limitant les perturbateurs endocriniens dans les écoles et crèches : plus de bio, moins de viande`  Action sur les politiques sportives  Rôle dans l’éducation et la sensibilisation à la santé environnementale : par ex éducation des personnels des crèches et écoles aux perturbateurs endocriniens (dans les jouets, produits d’entretien,…)…  Il faut faire un état des lieux des enjeux, des bonnes pratiques et des ressources existantes. Et lister les leviers d’action. C’est un investissement sur le long terme, pour (favoriser et entretenir) la (bonne) santé des gens. C’est aussi une demande et une préoccupation des concitoyens.