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Des Questions? Des réponses!

  1. Le projet de construction d’un incinérateur a-t-il fait l’objet d’un débat démocratique suffisant ?

Non. Nous observons que le processus démocratique est biaisé. La décision de ce projet a été prise il y a plusieurs années (3 ans) par le bureau de CALITOM. Elle a fait l’objet d’une concertation publique indigne. La seule « concertation » organisée par CALITOM était sur rendez-vous uniquement (maximum 3 personnes simultanées !) et n’a auditionné qu’un peu plus de 300 personnes sur une population concernée de 100 000. Nous pensons que ce genre de projet, par son coût, sa durée de vie (40 ans au moins soit 2 générations), ses conséquences environnementales et sanitaires ne peut être décidé uniquement par une poignée d’élus dans leur coin.
Par ailleurs la décision de telles implantations est du ressort exclusif de la région et non du département, encore moins d’une agglomération (loi NOTRe de 2015 : La loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) supprime la clause générale de compétence pour les régions et les départements. Désormais, ces deux catégories de collectivités ne peuvent agir que dans le cadre des compétences que la loi leur attribue).
Rappelons que notre région est déjà largement en surcapacité concernant l’incinération. Les incinérateurs de La Rochelle et d’Échillais en sont d’ailleurs réduits à importer des déchets en provenance de l’extérieur.

  • 2. L’emplacement de l’implantation de cette usine d’incinération est-il judicieux ?

Non, à plusieurs titres. Certes la construction en bord de Charente sur le site de la poudrerie est facile puisque ces terrains sont vides et la proximité du pont de Basseau offre une facilité d’accès. Néanmoins de nombreuses nuisances pour les habitants en découleraient :
Cette implantation se ferait en peine zone urbaine et sous les vents dominants d’ouest/sud-ouest pendant 70% de l’année dispersant donc les polluants sur 5 à 10km soit 60 000 habitants à minima dont plus d’une cinquantaine d’écoles.
• Génèrerait un très important charroi de camion de plusieurs dizaines de milliers de PL par an avec le bruit, les vibrations, la pollution et une dégradation accélérée des routes à la charge du contribuable. Enfer garanti pour les riverains !!
Dans un site remarquable comportant une église classée et 2 châteaux, construire une usine en tôles colorées de 35 mètres et intégrant une cheminée de plus de 40 mètres, plus haute que la cathédrale d’Angoulême, représenterait une verrue esthétique détruisant l’harmonie naturelle des lieux.
• En bordure de la Flow vélo et de la voie verte qui attirent de nombreux touristes.
• Par ailleurs le site n’a été que partiellement dépollué et est inondable.

  • 3. L’incinérateur va-t-il permettre de ne plus enfouir ?

Non. La grande justification de construction d’un incinérateur est qu’il permettra de ne plus enfouir, de fermer les centres de stockage et, ainsi, de respecter la loi qui interdit l’enfouissement. Rien n’est plus faux.
La loi fixe l’objectif de réduire de 50% l’enfouissement. Elle maintient une possibilité d’enfouir en raison de l’existence de déchets qui ne peuvent être traités autrement (gravats par exemple). Dans le cas qui nous occupe notons que 8000 tonnes seront constituées par des REFIOM (résidus hautement toxiques des fumées) qui devront être enfouis, par ailleurs 28 000 tonnes de mâchefers polluants seront intégrés en granulats pour la construction des routes ou en remblais. Et oui les mâchefers peuvent potentiellement polluer les sols. Bien qu’ils soient souvent utilisés comme granulats pour des applications comme les routes ou les remblais, leur composition peut contenir des métaux lourds et d’autres contaminants issus de l’incinération des déchets. (cf. phénomène de Lixiviation ou lessivage/dissolution : Voir thèse Gauthier ⟨NNT : 2020ECDN0044. tel-03217347 2020⟩ et étude Jebli ⟨hal-01167695 2015⟩).

  • 4. Faut-il dire incinérateur ou UVE (Unité de Valorisation Énergétique) ?

Ce type d’usine est avant toute chose conçu pour éliminer les déchets par incinération. Il s’agit donc bel et bien, selon la terminologie couramment employée d’un incinérateur. Par ailleurs, contrairement à ce qu’on a pu entendre, le terme UVE ne correspond à aucune réalité réglementaire. D’ailleurs, toutes les communications officielles utilisent le mot « incinérateur » parfois complété par « avec valorisation énergétique ». Il y a ici une volonté de relativiser le projet en tentant de faire oublier la dimension négative en termes de pollutions diverses que porte l’incinération. C’est manifestement un manque de transparence.

  • 5. L’incinérateur permettra-t-il de réduire nos impôts ?

Aujourd’hui, la fiscalité favorise l’incinération plutôt que l’enfouissement (et assez peu le tri et le recyclage). Mais ces avantages vivent leurs derniers jours. Une assez lourde taxe sur les incinérateurs est envisagée par l’UE pour 2030. Bien évidemment, ces évolutions fiscales, afin de stopper la construction de nouveaux incinérateurs pour encourager le tri et diminuer les déchets, et seront répercutées sur la facture des habitants. En somme, l’incinérateur risque de contribuer à faire augmenter les impôts. Bien évidemment l’affirmation de CALITOM selon laquelle le modèle financier, après examen par le ministère des finances, serait robuste repose sur ce postulat.

  • 6. Le volet financier du projet à 110 millions d’euros est-il crédible ??

Non, toutes les questions sur ce sujet sont restées sans réponse. Je cite « ce budget n’a pas été fait sur un coin de table, mais, si besoin, on réajustera… » propos tenus par Monsieur Filippi directeur Général de CALITOM, lors d’une réunion publique. Aucune possibilité d’en avoir connaissance pour le faire examiner ligne à ligne par nos experts. Par ailleurs nous n’avons pas obtenu la moindre estimation des coûts de maintenance et d’exploitation ni les éventuelles clauses de révision.

  • 7. Peut-on, en même temps, réduire les déchets et construire un incinérateur ?

Les incinérateurs, a fortiori la construction de nouveaux incinérateurs dans une région et un pays suréquipé, constituent un frein structurel à la réduction des déchets. En effet, les incinérateurs nécessitent d’être constamment alimentés en déchets ménagers dont une part très importante sont des déchets recyclables. Ce qui entraîne inévitablement, lors de ruptures de charge, des approvisionnements onéreux en provenance de l’extérieur grâce à des charrois de camions (voir point n°1). En outre cela empêcherait de promouvoir une politique de réductions des déchets.

  • 8. Ce projet polluera-t-il ?

Oui, certes il polluera moins que les incinérateurs construits dans les années 80 mais il polluera bel et bien. C’est d’ailleurs pour cela qu’il fera l’objet de nombreux contrôles (MAIS ces contrôles sont réalisés par l’exploitant !!!)
Comme tous les incinérateurs, même ceux qui ont été au cœur de scandales (Vaulx le Pénil, Ivry sur Seine…) il respectera les normes d’émissions en vigueur au moment de sa construction. Il disposera des meilleures techniques actuelles. Mais il semble, selon l’autorité environnementale, que ces meilleures techniques datent de la fin des années 90, soit 25 ans !!
Par ailleurs, malgré des filtres plus performants qu’auparavant, ce projet rejettera en continu 2000 molécules différentes. Il disposera également d’une possibilité ponctuelle de dépasser les seuils limites d’émission (60 heures autorisées chaque année. Cf Arrêté du 20 septembre 2002 relatif aux installations d’incinération, Titre II, article 10)
Notons également que les PFAS (dits « polluants éternels »), récemment identifiés comme cancérigènes, ne sont ni éliminés ni filtrés. Notons que l’élimination des PFAS nécessite une température constante d’au moins 1400°.Ni CALITOM, ni nous, ne pouvons garantir que, d’ici 20 ans, les normes actuelles seront suffisantes pour assurer l’innocuité (déjà impossible actuellement) de l’installation. Nous sommes également incapables de dire si l’incinération de nouveaux matériaux, dans 5, 10 ou 20 ans, ne produira pas des émissions de molécules dangereuses et aujourd’hui méconnues sans parler de l’effet cocktail, largement sous-évalué. Ils jouent aux apprenti-sorciers avec notre santé (celles de nos grands-parents, nos parents, nos enfants et nos petits enfants) c’est inacceptable !

 
  • 9. La mutualisation des outils des départements voisins qui disposent notamment de vide de fours importants est-elle possible ?

Angoulême possède une ligne de chemin de fer en bon état avec Saintes, La Rochelle et Rochefort et pourrait donc acheminer proprement des déchets compactés aux incinérateurs proches ayant des manques de déchets pour leur fonctionnement en continu , en raison de la baisse constante de production des déchets.

10. Y-a-t-il des solutions alternatives ?


Oui, la réduction drastique des déchets dans les prochaines années va dans le bon sens. De plus, le compactage permettant le transport facile vers les incinérateurs proches par voie ferrée représente une mutualisation intelligente. De plus la fossilisation, procédé développé par NÉOLITHE, et RED Organic ont des solutions qui pourraient éviter la construction de nouveaux incinérateurs dans notre pays, recordman d’Europe en nombre

Concluons en disant que les incinérateurs ne sont pas des énergies renouvelables à 50%, contrairement à ce qui nous est affirmé, les 50% restants sont largement contestables en matière de renouvelable. Nous avons à faire, en réalité, à une production de récupération qui est, par nature, aléatoire. Les quelques avantages de l’incinération pèsent bien peu au regard des sévères inconvénients sur la santé publique pour la population, des impacts sanitaires graves sont pourtant médicalement avérés. (Lymphomes, cancers divers…) ainsi que sur une inévitable augmentation des impôts en raison des réparations liés aux accidents ainsi que les coûts de maintenance. Un incinérateur reste avant tout un four qui permet de réduire partiellement le volume des déchets. Ce qui nous est présenté comme quelques îlots épars sont en réalité les points émergents d’un seul continent et tout est lié