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Comparaison incinérateur vs Zéro Déchets

Le projet d’incinérateur de Calitom d’une capacité de 120 000 tonnes/an (couvrant environ 630 000 habitants) suscite un débat fondamental depuis plus de deux ans maintenant : faut-il miser sur l’incinération centralisée, ou investir massivement dans une politique Zéro Déchet systémique ? Sauf que malheureusement la deuxième option n’est jamais sérieusement considérée par nos chers élus siégeant chez Calitom. Cet article compare les deux approches selon des critères économiques, environnementaux et stratégiques, en s’appuyant sur les données techniques et les études scientifiques récentes. L’article a pour but de donner plus d’informations aux candidats des municipales 2026 afin de faire des choix raisonnés et informés sur un sujet qui est très souvent peu ou pas compris.

1. Le contexte : pourquoi ce choix est critique maintenant

2. Comparaison économique et technique

2.1 Rendement énergétique & valorisation

  • Dans les systèmes de valorisation énergétique modernes, l’efficacité de production de chaleur peut atteindre ~80 %, tandis que la production d’électricité est plus modeste (20-30 %) selon des études récentes.
  • Toutefois, l’énergie produite ne compense souvent qu’une part limitée des coûts opérationnels, surtout si l’incinérateur est sous-utilisé ou mal dimensionné.
  • Le rapport « Toward sustainability of Waste-to-Energy » souligne que la viabilité technique et environnementale des installations dépend de la qualité des déchets (faible humidité, haut pouvoir calorifique) et du maintien d’un flux stable – arguments que nous mettons en avant depuis 2 ans avec des exemples à l’appui dans les départements / régions voisins.

2.2 Coûts d’enfouissement résiduels

  • Même avec incinération, subsistent des résidus (mâchefers 30% du volume initial, REFIOM) qu’il faut enfouir ou traiter.
  • Si le coût d’enfouissement est de 52 €/t aujourd’hui, et qu’il monte à 104 €/t dans 10 ans (hypothèse réaliste), cela pèse en plus de la facture déjà salée de la construction de l’incinérateur

2.3 Coûts de réduction & tri dans une politique Zéro Déchet

  • Les dépenses initiales (centres de tri locaux, collecte intelligente, sensibilisation) sont nettement inférieures au coût d’un incinérateur, tout en générant des économies pérennes sur la collecte, le transport, la gestion.
  • Les études de cas montrent que des communes engagées dans des stratégies Zéro Déchet peuvent réduire de 30 à 50 % leurs déchets résiduels en 10 à 20 ans (ex : certaines villes européennes, collectivités pilotes).

3. Scénario pour Calitom: quelques chiffres projetés

Prenons les données du projet d’incinérateur (120 000 t/an) sur 10 et 40 ans, comparées à un scénario Zéro Déchet appliqué au territoire prévu par l’incinérateur:

CritèreUVE (120 000 t/an)Zéro Déchet (réduction progressive)
Tonnage traité120 000 t/an constantsDéchets résiduels réduit de 40% après 10 ans
Résidus à enfouir (10 ans)≈ 40 000 t/an (mâchefers)≈ 72 000 t en 2035
Résidus à enfouir (40 ans)~40 000 t~30 000 t en 2065
Coût enfouissement 10 ans (52 → 104 €/t)~34,32 M€ cumulés~79,6 M€ cumulés
Coût enfouissement 40 ans (52 260 €/t)~ 255 M€ cumulés~315 M€ cumulés
Investissement initial160 M€quelques millions pour infrastructures locales
Gains opérationnelsLimitée par coût fixe, risques de sous-utilisationéconomies sur collecte, transport, transport déchets, revenues matériaux

D’après ces projections on peut voir que les coûts d’enfouissement (hypothèse d’une progression linéaire) sont plus important (100M€) pour l’approche zéro déchet. Mais, étant donné le coût initial de la construction de l’incinérateur de l’ordre de 160M€ et son coût fixe élevés, ainsi que les risques d’avaries / réparations couteuses, en somme l’approche zéro déchet est financièrement plus avantageuse sur le court et long terme.

Ci-dessus on peut voir une projection de coûts des deux scénaries. NB: je n’ai pas inclus les coûts de fonctionnement de l’incinérateur et réparations car difficiles à prédire. Malgré cette approximation on peut clairement observer que le coût initial de l’incinération est tel qu’à aucun moment de la durée de vie de l’incinérateur celui-ci sera plus rentable qu’une politique zéro déchet. A la fin de la durée de vie hypothétique de l’incinérateur cela nous amènerait vers un delta de 100M€ en faveur de la politique zéro déchet. Cela représente des économies de 2.5M€ par an sur 40 ans. Cela équivaut au coût net de l’Alpha (bibliothèque/médiathèque à Angoulême) par an.

4. Avantages & limites de chaque approche

Avantages de l’approche Zéro Déchet

  • Résilience : moins de dépendance à une infrastructure unique.
  • Réduction à la source : moins de déchets à gérer, incitation à l’éco-conception.
  • Création de filières locales de réemploi, d’emploi, d’économie circulaire.
  • Alignement avec les objectifs européens de réduction des déchets.
  • Réduction des risques techniques, pannes, accidents.

Limites & critiques

  • Le Zéro Déchet pur (pas d’aucune incineration ou enfouissement) est probablement inatteignable. Le Zéro Déchet est une utopie partielle : même les systèmes les plus performants auront toujours des déchets résiduels à traiter.
  • Nécessité d’un fort pilotage, de financements et de volontarisme politique soutenu.
  • Certains flux (cendres, déchets toxiques, produits chimiques) peuvent exiger des traitements spécialisés quel que soit le système.

Avantages et risques de l’incinérateur

  • Permet de réduire significativement le volume des déchets mis en décharge.
  • Génère de la chaleur/électricité, valorise certains métaux.
  • Mais risques financiers (coût fixe élevé, sous-utilisation), résidus à gérer, émissions, sanitaires, verrou contractuel.
  • Le concept de “combustion de déchets” est souvent présenté comme nécessaire à l’économie circulaire, mais il ne substitue pas la prévention ni le réemploi.
  • Le rapport « Zero Waste Utopia and role of WtE » souligne que les systèmes optimaux reposent encore sur trois piliers : recyclage, récupération énergétique, enfouissement de résidus.

5. Recommandations stratégiques pour Calitom

Ces pistes seront plus amplement expliqués dans un autre article à paraitre:

  1. Piloter une ambition Zéro Déchet 2040 — avec des jalons à 2028, 2032, 2036.
  2. Intégrer fortement la responsabilité élargie des producteurs : faire contribuer producteurs et distributeurs aux coûts de traitement.
  3. Développer les infrastructures de tri et réemploi locaux (ressourceries, ateliers, centres de réparation).
  4. Collecte intelligente & incitative : tarification au service, capteurs, bonus pour réduction.
  5. Maintenir une part de valorisation énergétique, mais sans dépendance — plutôt pour le résidu ultime de qualité.
  6. Surveillance, flexibilité, pilotage adaptatif : ajuster les investissements selon les progrès de réduction.