Un peu par hasard je suis tombé sur un reportage pas si vieux de France3 Normandie sur les bienfaits de la valorisation énergétique ici: https://www.youtube.com/watch?v=KJ1utKoxRPM
En termes de communication envers la population ce reportage adopte tous les codes que nous avons vu à l’oeuvre quand on essaie de nous vendre l’incinérateur (pardon, l’unité à valorisation énergétique) ici en plein centre d’Angoulême.
Pour démarrer, la présentatrice met un gros sac poubelle dans la poubelle noire afin d’expliquer qu’on va voir comment le transformer en énergie. Cette séquence me semble déjà d’un autre temps, car aujourd’hui vivant dans un foyer avec 4 personnes (2 adultes, 2 enfants), nous n’avons absolument pas cette production de volume en déchets pour la poubelle noire – sans faire d’efforts surhumains ou sacrifices. Certains de mes voisins par contre l’ont tout à fait (en étant moins nombreux à la maison en plus).
Ensuite elle nous amène dans un incinérateur où on peut regarder la couleur de la flamme pour vérifier que la combustion se passe bien (c’est vachement rassurant), puis elle nous amène chez un producteur de tomates, aubergines etc qui utilise la chaleur produite pour assécher ses serres (Normandie …. ). Un petit paradis et cercle vertueux. En dernier on se pose la question si la Normandie est bon élève en matière de « valorisation énergétique ».
On contrôle la couleur de la flamme à l’oeil nu.
Il est donc étrange de finir avec la toute dernière séquence de seulement 10s (sur une durée totale de 4min32s) sur le fait qu’il faut réduire, réemployer et recycler ce qu’on peut. Nous avons donc un reportage très équilibré où on vante pendant 96% du temps les bienfaits de l’incinération et 4% du temps on évoque rapidement ce qu’il faudrait faire. Comment veut-on réduire si ce n’est pas le message principal? Le message passé par le reportage est ce que nous critiquons avec ZeroWaste depuis longtemps, il incite à continuer à consommer et à produire des déchets comme avant, car finalement c’est bien car on chauffe les tomates et aubergines des agriculteurs.
Serre chauffée par chaleur issus de l’incinération de couches et autres
Ce que le reportage ne dit pas, c’est que la réduction de déchets créera un appel à déchets des incinérateurs (déjà observables à Rochefort etc), car il doit fonctionner à 100% pendant 40 ans. Donc si on produit moins de déchets … bah on ne pourra plus chauffer la serre de Monsieur.
Dommage que ce genre de reportage puisse encore voir le jour aujourd’hui, sans questionnement réel du sens, ni des implications pour nos habitudes.